Depuis 2018, j’ai créé frénétiquement des peintures à l’aquarelle et à l’huile. Il y a eu bien sûr les premières années pour me sentir à l’aise avec les différentes techniques avant de profiter à plein en choisissant des sujets de plus en plus compliqués ou aboutis et prendre du plaisir à réaliser ainsi de plus en plus : un sujet en appelait un nouveau !
Ce sont alors des sujets figuratifs : des paysages, des marines, des animaux, des fleurs…quelques portraits.
Devenue très cartésienne et ancrée dans la réalité par mes années professionnelles et vie privée en famille, j’ai fait taire la petite lueur de créativité de mon enfance et adolescence.
Alors depuis 2018, mon défi personnel était de libérer mon geste pour me détacher petit à petit du figuratif et du souci du détail : comme je pense que ce qui nous caractérise ce n’est pas ce que l’on peint mais comment on le peint et l’intention que l’on y met.
J’étais en perpétuelle recherche du fameux « lâcher prise » et il fallait bien tout ce temps et cette frénésie de réalisations pour arriver à une pause : et ceci arriva cet été 2023.
Ces deux dernières années, j’ai eu de belles sensations quelques fois, à laisser mon geste et lâcher prise pour des réalisations moins ‘classiques’.
Aout 2023, un matin je me réveille et je suis en panne d’inspiration devant ma toile blanche, un matin puis deux et puis cela dure plusieurs jours…
Alors que faire ? J’ai quelques tubes d’acrylique que j’utilise seulement en sous couche pour mes peintures à l’huile.
Alors j’ai repris petit à petit sans rien vouloir faire de précis avec l’acrylique seulement, histoire de voir ce que cela donne avec ce medium que je ne maîtrise pas trop, sans intention de résultat.
J’ai choisi une harmonie colorée qui me touche particulièrement : 4 à 5 couleurs chaudes (terre d’ombre brulée, rouge primaire, jaune primaire, orange, rose, blanc) et j’ai déposé des zones de couleurs, des tâches ici et là. Le résultat ne me satisfait pas alors je le laisse de côté.
En cherchant des nouvelles techniques, des idées sur le Web, je creuse la technique de l’acrylic pouring ou acrylique fluide. Et là c’est radical, on est bien obligé de laisser faire la matière, le geste car le contrôle n’est pas de mise avec ce type de peinture. Au fur et à mesure j’apprends à choisir les bonnes combinaisons de couleurs, les différentes façons d’agir sur les coulées et le résultat est toujours une surprise.
Puis je trouve des vidéos d’artistes et enseignants qui expliquent les techniques de mixed médias : utilisation de l’aquarelle, acrylique, pastel, gouache, crayons posca, collage, pochoirs etc pour un même tableau.
J’accroche (sans jeu de mots ) et pendant quelques jours je me familiarise avec le processus : je sens que c’est ce qu’il me faut pour aller encore plus loin dans mon expression, mon ressenti, mon émotion et passer du figuratif à l’abstrait quand je reviendrai à l’huile et à l’aquarelle.
J’investis dans le matériel de base nécessaire (medium pour coller, pochoirs, gouache). Je trouve des moments de détente à feuilleter d’anciens magazines de déco intérieure afin de découper et classer des morceaux de papier pour le collage : par forme, objets, couleurs, des extraits de textes, des mots etc.
Et je commence petit à petit à me faire un carnet d’idées avec des palettes colorées, des modèles de marquage (formes géométriques, formes aléatoires, formes stylisées de feuilles, fleurs...).
Je cherche des idées de textes à ajouter sur mes réalisations : et pourquoi pas des mini poèmes : les haikus ce sont des poèmes d’origine japonaise extrêmement bref – le haiku est composé de 17 ‘mores’ (entre la syllabe et le phonème) réparties en trois vers suivant un schéma 5/7/5- il célèbre l'évanescence des choses et les sensations qu'elles suscitent : c’est parfaitement raccord avec ce que je souhaite : cela se ‘marie’ bien avec la peinture. Les thèmes sont la nature, les animaux, les saisons, le temps qui passe…
« Du temps passé
Me revient le souvenir
Les biches au printemps. »
Ida Dakotsu
« Matin de printemps
Mon ombre aussi
Déborde de vie ! »
Kobayashi Issa
« Crépuscule de printemps
Les ombres s’assemblent
Sur la queue d’un pigeon blanc. »
Takada Sakuzo
Et pour finir et illustrer mon été de re-création: un petit tercet qui me vient tout juste à l’esprit
De découpages en subtiles teintes
Trace le chemin
Semé de couleurs du ciel
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